voyage vélo turquie çaycuma devrek eregli

Voyage à vélo en turquie – Jour 8 : Çaycuma – Eregli

La nuit, au sein d’une grande auberge de jeunesse, nous a requinqué. Yoann s’est levé plus tôt, sa douleur au genou persiste. Il peut seulement nous filmer depuis la voiture, mais celle-ci ne passe pas partout et lorsqu’on se retrouve dans des bourbiers, il n’y a personne pour documenter nos galères. Étant donné que l’on reste très peu de temps dans chaque ville étape, il n’est pas simple pour lui de se faire soigner, du moins ausculter. Ce matin-là, il y avait trop d’attentes aux urgences. Sur le chemin du retour, il décide de retirer de l’argent et sa carte ne ressort pas du distributeur. Je crois qu’on est en droit de dire que c’est une matinée bien merdique pour lui.

Ces péripéties matinales, couplées à notre motivation qui peine à éclore, nous font partir aux alentours de 10 h sous un ciel menaçant. On slalome entre une dizaine de corps de chiens étalés sur les pavés, accablés de sommeil, avant de rejoindre la route. 1200 m de dénivelé sont annoncés.

Malgré une averse qui nous tombe dessus alors qu’on se rend compte que nous ne sommes pas sur le bon itinéraire, l’étape se déroule plutôt bien. Nous arrivons à Devrek, la Grenoble turque, vers midi. Une ville encaissée dans les montagnes et traversée par un cours d’eau. La discussion avec la serveuse du restaurant est assez laborieuse. Nous ne sommes pas difficiles, on est affamés et prêts à goûter toutes leurs spécialités. Finalement, j’irai à l’intérieur pour pointer du doigt au cuisinier divers plats. Notre table se retrouve vite recouverte de nourriture. De l’omelette au suçuk (un chorizo turc), une sorte de fondue, spécialité de la ville de Trabzon, dans laquelle on trempe des brioches s’apparentant à des gros bretzels aux graines appelés simit. Puis des salades, des frites, des mezzés. Le restaurateur vient taper un brin de causette et nous confirme que l’on ne pourra pas dormir avant Eregli ce soir. Il ne sera donc pas possible de tout faire à vélo aujourd’hui et nous sommes bien contents d’avoir la super pilote Lara à nos côtés.

plats turcs, simit et omelette au sucukOn repart sous la pluie à travers des ruelles pavées et des habitations abandonnées avant de retrouver notre route en hauteur. La pluie nous accompagnera toute la journée. Le paysage ressemble à s’y méprendre au Pays Basque, magnifiquement vert et humide, puis par moment à une Chine ou une Colombie fantasmée, car nous n’y avons jamais mis les pieds. Après les montées, la descente est magique. La bruine et la brume sur les rares maisons ou mosquées instaurent une ambiance mystique. Peu à peu, le bitume se transforme en gravier. On comprend que la grande route que l’on emprunte est toujours en cours de construction.

On a l’impression d’être seuls au monde, dans un décor post-apocalyptique, ivre de vitesse sur cette piste qui n’en finit plus de descendre et de serpenter entre les collines. Finalement, nous arrivons par un sentier cabossé et boueux à un croisement. Deux options s’offrent à nous : une grosse montée à droite ou la route pas finie en face qui continue derrière des gros panneaux de déviation. Les ouvriers turcs nous déconseillent de poursuivre. On insiste un peu, par soif d’aventure, et on s’engage alors qu’ils s’éloignent ayant terminé leur journée de travail. Ils avaient raison, le chantier se termine sur une masse de gravats puis reprend des dizaines de mètres plus haut sans trop de visibilité sur la suite.

On rebrousse chemin, appelle la voiture balai et patientons blottis sous le toboggan d’un parc pour enfants, car la pluie ne cesse pas. On profite de la proximité d’un cours d’eau pour nettoyer nos vélos recouverts de boue. On se dit qu’un minimum de propreté fera plaisir à la pilote qui est moyennement ravie de devoir reprendre la route pour venir nous chercher, à 45 mn de l’hôtel qu’ils viennent juste de dénicher.

L’une des personnes qui nous avaient déconseillé de continuer nous invite à le suivre en direction de la terrasse abritée d’une mosquée. Le jeune Ershane nous offrira même quelques biscuits. L’arrivée de Lara est un soulagement. On est bien contents de trouver un hôtel confortable et une bonne douche dans la grande ville d’Eregli. On sort manger en ville assez tard et on tombe sur un petit restaurant bondé, spécialiste des soupes, visiblement prisé par les locaux. C’est très bon marché et très bon tout court, exactement ce qu’il nous fallait. On se délecte d’une soupe aux lentilles qui porte bien son nom. La çorba mercimek.

campagne turque devrek

Laisser un commentaire