les mercredis soirs de François Lillart

Mante religieuse, partie 2.

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Lien vers la première partie (sinon tu comprendras rien): Partie 1

 

Standard se préparait pour le diner. Il décida de s’y rendre sobre. Si d’ordinaire il ne rechignait que rarement aux vertus de l’alcool, cette fois-ci, il ne fallait pas prendre le risque de vomir. Il brossa soigneusement les cheveux restés fidèles à son crane, puis ses dents, et il empoigna son vélo. Le restaurant se trouvait dans un quartier éloigné, qu’il ne fréquentait jamais. Il adopta un rythme modéré pour ne pas dégouliner de sueur devant sa nouvelle amie. Mais l’été n’était pas clément avec les pauvres bougres de son espèce. Le soleil tabassait jusque tard et la fraicheur se faisait douloureusement attendre.

Il arriva à l’heure convenue, et cacha son vélo derrière des poubelles. Un peu plus loin, il s’arrêta devant une vitrine de magasin pour qu’il puisse étudier son allure, et s’apprêta tranquillement comme s’il était dans sa chambre. Il remonta son pantalon qui avait fait le chemin inverse pendant le périple à bicyclette. Une fois ses écueils vestimentaires surmontés, notre héros se dirigea vers le restaurant d’un pas excessivement rapide pour ses petites jambes. Il était prêt à voir sa belle. Pas question de perdre une seconde de plus.

« Bonsoir, Monsieur. C’est pour une personne? »

« Non, non, j’attends quelqu’un. Peut-être est-elle arrivée ? Avez-vous vu une femme plutôt verte ? » (suite…)

Nouvelle-écriture-mante-religieuse

Mante religieuse, partie 1.

Standard était vautré sur le canapé en cuir.
Ils l’avaient trouvé dans la rue, et c’était un des rares meubles qui garnissait Le Fleurus. Il avait passé de longues nuits à éponger l’alcool qui coulait sans répit dans le bistrot. Tous les soûlards se rejoignaient après leur tapin quotidien pour dilapider leur paye et se rappeler qu’ils n’étaient pas seuls dans cette aventure au scénario peu réjouissant. Un afterwork pathétique, sans DJ pointus ni cocktails, ici c’était du vieux jazz et du Scotch à l’eau. Le Fleurus était la meilleure chose qui pouvait leur arriver. Peu importe s’il dévorait sans pudeur leur maigre salaire, il les rendait heureux. (suite…)