« Naviguer est nécessaire, vivre ne l’est pas » – Fernando Pessoa
Car si vivre consiste à subir les tumultes, à quoi bon s’infliger les réveils quotidiens ?
Voguer permet des avancées fluides sans pour autant s’agiter. Dériver nous mène avec légèreté vers des lieux insoupçonnés. Je ferme les yeux et les lignes ondulées se succèdent, similaires, néanmoins toutes singulières. Le sel infiltre mes pores puis s’associe au soleil pour briller sournoisement mon épiderme si pâle. Il me fait comprendre que je n’ai pas ma place sur cette surface humide et les éléments qui se déchaînent ne cessent d’appuyer son propos. Mais une brève halte hors du plancher des bovins ravive les sens en bousculant les certitudes. Vulnérable cloporte à l’échelle de cette immensité, qui oublie de s’étonner de son improbable existence. Sur un vieux tronc d’arbre ou à bord de majestueuses galères, le phénomène de flottaison nous berce d’histoires à s’approprier, de contrées à explorer et d’âmes à côtoyer. Le mouvement prime la destination. L’immobilisme est préjudiciable. Tenter d’attirer à soi les remous du large est lâche, la gratification inexistante.
Immerge ta souche et chevauche-la, pense à ce que tu cherches sans trop l’idéaliser. N’oublie pas le chemin inverse vers le port d’attache, car partir n’est pas une fuite, mais une quête pour mieux revenir.
L.P
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