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Voyage à vélo en turquie – Jour 7 : Amasra – Çaycuma

Le petit déjeuner est copieux. Pour bien commencer cette deuxième partie du voyage tous ensemble, j’avais réservé une auberge cosy proche de la plage. Nous discutons avec un baroudeur à moto tout droit venu de Moselle. Un cinquantenaire aux cheveux grisonnants et à la bonhomie communicative. Il est sur la route du retour et se dirige vers les Balkans. Ils étaient deux initialement, mais quelques divergences l’ont poussé à terminer seul. Il nous raconte une anecdote survenue dans la région du lac Baïkal où un membre de la mafia ne le lâchait plus et voulait absolument tout lui payer.

Nous entamons une visite de la ville, Amasra étant l’un des rares points touristiques sur le trajet. Il fait déjà très chaud, la petite cité fortifiée se dresse sur une sorte de baie avec son pont en pierre emblématique. Ses ruelles étroites et son cadre côtier collent parfaitement à la carte postale que l’on avait en tête. On retrouve également les mauvais côtés de ce genre de destination prisée : horde de touristes, boutiques de souvenirs débordant de babioles, mais aussi de sympathiques artistes de rues. Cette atmosphère plus intense, où se mêlent les odeurs et les sons, permet de sortir du schéma vélo-restau-dodo, le temps d’une matinée.

Il est l’heure de repartir. Je casse mon embout de valve en ajustant la pression des pneus. Après le changement de chambre à air, nous attaquons directement par 350 m de dénivelé sous un soleil ardent pour nous extirper de ce cocon hors parcours que constituait Amasra. Il nous faut donc remonter la si plaisante descente de la veille. En haut, je subis une nouvelle crevaison. Cela ne m’était jamais arrivé depuis l’achat du vélo deux ans auparavant. Il faut bien quelques ennuis mécaniques sinon ce n’est pas drôle. Nous approchons de Bartin, déjà visitée hier, pour la pause déjeuner. Mon pneu est encore à plat lorsque je rejoins le groupe. On s’abrite sur une terrasse ombragée le long d’une rivière pour boire un thé et réparer à nouveau la crevaison. Le cadre apaise quelque peu mon agacement. Finalement, il s’agissait d’un bout de ferraille accroché au pneu qui a causé ces crevaisons à répétition. Le repas de midi est copieux. On a beau être en Turquie depuis une semaine, on se fait encore avoir par les quantités extrêmement généreuses. C’est tellement bon, mais on regrette toujours un peu une fois de retour sur nos selles.

On repart, il nous reste plus de 40 km. La campagne est bucolique, on croise de nombreuses vaches sur les routes, beaucoup de tracteurs et de hameaux figés dans le temps. Au bout d’une heure, on emprunte une descente en gravier des plus casse-gueule pour rejoindre une trace moins difficile et réduire le dénivelé. En bas, la série continue avec une crevaison de Jory.

Dès lors, on suit une large route départementale vers notre objectif du jour, la ville de Çaycuma. On active le mode peloton, mais la ligne droite semble interminable. À une intersection, on laisse passer un convoi de voitures visiblement en partance pour fêter un mariage, un véritable concert de klaxons s’ensuit, agrémenté de sonnettes de vélo du coup.

Vers 19h30, Çaycuma n’est plus très loin. On longe la voie rapide par une route un peu ghetto. Des baraques défoncées, des usines inquiétantes. Néanmoins, la lumière de fin de journée nous enveloppe d’une ambiance onirique. En passant un quartier, mélange de squat et de bidonville, se dresse un tableau saisissant. Une fausse merco bling bling, jantes plaquées or, trône au milieu d’un champ non loin d’une femme tirant un cheval avec en fond la grande route qui mène au centre-ville. Une énorme usine rejette de la fumée épaisse blanche qui épouse les collines et accompagne le déclin du soleil.
Juste avant d’arriver, nous traversons une zone industrielle. Deux chiens nous prennent en chasse. J’active la Go Pro, espérant capturer enfin une belle course-poursuite. Puis, quatre autres déboulent derrière nous. On fait moins les malins. En fait, dès que l’on tourne la tête, cela arrive de tous les côtés. On tape notre meilleur sprint, encouragés par les aboiements constant qui retentissent dans notre dos. Au bout de la ligne droite, on aperçoit une route en surplomb. On y grimpe en vitesse par un minuscule sentier et nous voilà hors de danger, le cœur haletant.

Çaycuma est une ville agitée, les kékés côtoient des engins paysans improbables. Les chiens errants sont plus nombreux que d’habitude et on le constatera avant d’aller se coucher en voyant passer des meutes en folie à la poursuite d’un pauvre chat affolé.

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