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Voyage à vélo en turquie – Jour 10 : Akçakoca – Ferizli

Départ 9 h d’Akçakoca, les transmissions grincent un peu. On décide de s’écarter de la nationale, vaccinés par l’étape de la veille un brin monotone. Dès lors, on se retrouve sur de charmants petits sentiers de campagne, peuplés de noisetiers à perte de vue. Il fait bon. Le ciel légèrement voilé laisse transparaître quelques rais de lumière. Perdus entre les pâquerettes et les noisettes, on est absolument seuls. Même notre voiture-balai est contrainte d’emprunter un itinéraire bis, car les chemins sont trop étroits ou cabossés. On tombe à nouveau sur des portions boueuses. Cela reste de courte durée, mais on devra porter les vélos à plusieurs reprises.

Après cet intermède champêtre, on rejoint finalement la grande route jusqu’à Karasu. C’est malgré tout l’option la plus rapide. Le vent souffle fort, la ligne droite est interminable.
On arrive à destination par une piste cyclable tout aussi linéaire et ennuyeuse, le moral un peu usé par le vent de face et les derniers kilomètres assez inintéressants. Karasu est une ville balnéaire tout en longueur, visiblement encore en préparation pour la saison touristique. C’est plutôt laid. Une succession de transats et parasols Miko intercalés entre des bâtiments à la peinture défraîchie. Quand la recherche de confort permanent, l’exploitation de la côte pour attirer le portefeuille des travailleurs en vacances dénature complètement une région pourtant si belle à l’état sauvage, comme on a pu le constater depuis 600 km déjà. Rien de neuf sous le soleil turc donc, les mêmes paradoxes humains qu’ailleurs. Mais je m’égare. La vue de dauphins, tout proches de la côte, rehaussera vivement notre pause-déjeuner dans un restaurant de plage quelconque.

La deuxième partie est plus aisée. Lara profite du temps clément pour se joindre au peloton, troquant sa place avec Baptiste. On sort de Karasu en traversant un mini bidonville où je ferai la course avec un enfant. C’était serré. On a qu’à dire qu’on a fini ex aequo. Ce genre de moment fugace, quelques secondes parmi les longues heures passées sur nos vélos, un simple regard et un sourire, sont de ceux qui restent. La pauvreté est toujours plus flagrante à proximité des villes, sans doute par le contraste qui s’opère d’une zone à une autre. Nous avons pourtant traversé des villages très sommaires, des hameaux perdus dans les montagnes peuplés d’une poignée d’âmes vivant chichement de leurs terres. Ici, l’agrégat de baraquements en tôle sur des terrains vagues en périphérie de la ville apparaît plus rude, comme moins humain dans cet environnement bétonné gris et triste.

S’ensuivent des champs de culture et des petites départementales. Lors d’une pose au bord d’un étang, nous tombons sur des pécheurs, mais surtout 3 chiots extrêmement mignons que leur mère nous laisse approcher et caresser.

Plus que quelques kilomètres avant Ferizli et un hôtel tout neuf, à peine terminé à en croire certaines finitions en cours dans nos chambres. Nous ponctuons la journée par un bon restaurant. Les plats se bousculent sur notre table jusqu’au dessert. Un künefe géant. Appelé aussi cheveux d’ange, c’est un gâteau à base de fromage, de pistache et de miel auquel le serveur va mettre le feu pour le plus grand plaisir de Yoann derrière sa caméra. On s’écarte un peu des valeurs de simplicité de Diogène devant cette abondance de nourriture. Même si l’on peut déceler de la nuance dans la recherche de frugalité du philosophe, notamment dans son rapport au vin. Quand on demande à Diogène quel est son vin préféré, il répond : celui des autres. Diogène ne dit pas qu’il faut se passer de vin, il dit plutôt : si je suis invité à un banquet où il y a du vin et que l’on m’en sert, je vais le boire. Renforçant davantage son statut de parasite qu’il se plaît à endosser.

Bon, ici le repas n’est pas offert bien que très abordable. Notre excuse sera simplement la fameuse devise : “après l’effort, le réconfort”.

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