bike trip in turkey

Voyage à vélo en turquie – Jour 4 : Inebolu – Azdavay

Départ 9 h 30 pour affronter la grosse étape de montagne qui nous attend. On troque une photo Polaroid contre quelques informations auprès de nos hôtes, dont la direction de la boulangerie. Hacer et son mari sont assez pudiques, plus timides que les précédentes personnes que nous avons rencontrées. Ils sont sans doute un peu déstabilisés par la barrière de la langue. Néanmoins, on sent chez eux une grande générosité et l’envie de nous aider par le partage de conseils et de lieux à visiter sur notre route, notamment l’Horma Canyon, parc naturel des montagnes de Küre.

Pour 25 centimes d’euro, nous nous offrons un joli panaché de brioches et de biscuits dont certains, au sésame, déroutent un peu les papilles de bon matin. Le soleil tape fort, la montée est constante avec des piques à 10 %. Le regard vide, les jambes moulinent seules alors que nos yeux fixent la ligne jaune qui se déroule sans fin. Je ne pense à rien. Nous faisons des pauses toutes les 20 minutes pour préserver le mental et le physique. Sortir de nos planques ombragées pour reprendre la montée sous le soleil de midi est un supplice. En quelques minutes, Yoann caracole devant, j’ai l’impression de faire du sur-place. Comme si les roues du vélo s’enlisaient dans un béton amolli par la chaleur et le poids de mes bagages.

ville d'ineblou dans la région de la mer noire

Un petit jeu sur le dénivelé nous aide à tenir un minimum la cadence. Yo fait retentir sa sonnette tous les 100 mètres accomplis. Après un énième col et de nombreuses pauses durant lesquelles j’ai écoulé les stocks de barres chocolatées et d’eau, nous arrivons à Küre. Il est 15 h. Après un rapide tour à l’épicerie, nous nous installons pour manger sur un coin de trottoir aménagé en terrasse. Pide, Ayran et Coca constituent notre menu. Nous sommes servis par Anife, une jeune femme adorable, tout sourire et très amusée par notre appli de traduction. Elle ira nous chercher un riz au lait et des baklavas pour accompagner le çay de fin de repas. Elle m’emmenera même jusqu’à la pharmacie du village pour acheter de la crème solaire.

Nous sommes bien, assis sur nos chaises en plastique à l’ombre d’un parasol. À nos pieds, un chien se délecte d’un os offert par le boucher d’à côté. Depuis le début du voyage, les chiens sont omniprésents. À chaque village, on les croise éparpillés un peu partout, traversant les rues nonchalamment, faisant la sieste à l’ombre ou se laissant chouchouter par les habitants. La plupart sont pucés et semblent vivre en harmonie avec leur environnement. Ils sont le symbole du cynisme et de la figure du philosophe Diogène qui nous rappellent sans cesse le but de notre documentaire. Ils sont l’incarnation parfaite de la liberté. Ils suivent leur instinct, se contentent de ce qu’ils trouvent, assouvissent leurs besoins primaires sans honte et vivent dépouillés de tout, leur corps comme unique outil.

Mais à force de divaguer, il est plus de 16 h et nous ne savons pas où nous allons dormir ce soir. On repart sur une montée. Les paysages sont escarpés, rocailleux, des aigles survolent la fin du dénivelé positif nous menant vers de beaux lacets et des kilomètres de descente inespérés. On en profite pour effectuer quelques plans en drone malgré le vent qui s’est levé. On tombe sur un énorme amas rocheux qui me rappelle Saou, petit village de ma Drôme natale, construit autour du Roc, entre champs de lavandes, forêt et massif des 3 becs.

L’arrivée sur Agli se fait plus rapidement que prévu grâce à de belles pointes de vitesse. À son approche, le décor change, offrant une campagne plus plate, mais toujours très fleurie. Malheureusement, malgré plusieurs restaurants et épiceries, le village qui nous apparaît plus grand et plus vivant que nous le pensions n’offre aucune possibilité d’hébergement. Nous tentons toutefois de discuter avec quelques personnes pour trouver le maire (mukhtar), en vain. Il nous faut continuer jusqu’à Azdavay nous dit-on.

Il s’agissait de la plus grosse étape du trip et nous devons y ajouter encore une vingtaine de kilomètres. Cela met un coup au moral, d’autant que nous ne sommes pas assurés de trouver refuge au bout. La fatigue abrège toutes tergiversations et apitoiements sur notre sort. On redémarre sur une piste perdue dans la forêt au soleil couchant. Nos corps nous portent à travers les petites routes de l’arrière-pays turc.

L’arrivée à Azdavay se fera de nuit. Un employé d’une station-service nous indique la direction du centre-ville. Nous trouvons finalement le Yalcin Hôtel, établissement salvateur pour cette journée éprouvante.

ville d'azdavay en turquie

Laisser un commentaire