L’océan est pudique, il se pare d’un voile brumeux
Son labeur est constant, son train de vie houleux
Des méandres de sable guident ses ondes hasardeuses
Les éléments autorisent quelques incartades insidieuses
La marée tempère ses tentatives d‘invasion
Le vent attise les innombrables oscillations
Telle une pauvre bête en quête d’affection
L’océan est voué à errer sans compagnon
Quand il ne défie pas les péninsules fébriles
Sa monotonie apaise le temps d’une sieste
En journée, le grand bleu apparaît comme servile
Le soir venu, on le découvre bien plus leste
Puisqu’il s’agit d’un travail à plein temps
La nuit, il produit des ressacs incessants
Une puissance sauvage que l’on omet souvent
Un grand vide grondant, un trou noir imposant
Dans l’ombre, il n’attire ni plaisanciers ni mouettes
Son bruit n’apaise plus, désormais il inquiète
Les frustrations du jour se déversent en tempêtes
À l’abri de tout jugement, plus rien ne l’arrête
Alternant les vagues, les courants vertigineux
Des cassures ubuesques et de violents obstacles
Le matin venu, il se pare d’un voile brumeux
Tel un homme honteux de sa nuit de débâcle
L.P