Les falaises grandiloquentes et non moins vulnérables,
Malmenées sans cesse par des assauts redoutables,
Tantôt le vent s’y acharne, tantôt les vagues s’y fracassent,
Les parois s’effritent, mais jamais ne se cassent.
Elles se laissent creuser non sans amertume,
Un domicile de choix pour les farceurs à plumes,
Ils rient de bon cœur en chutant vers l’écume,
Puis d’un battement d’ailes regagnent la brume.
Du haut de mon phare, j’observe sans bruit,
Ce tableau mouvant aux si doux coloris,
Chaque pigment m’évoque une émotion nouvelle,
Sur cette toile, l’humanité tout entière se révèle !
Seul mon antre dénote par son rouge alizarine,
Il doit se distinguer dans la solitude des crêtes,
Diurne, il égaye les côtes que l’océan taquine,
Rare témoignage d’une humanité discrète.
Nocturne, il perce le tréfonds des ténèbres,
Se fraye un chemin vers les âmes bientôt célèbres,
Il tente de recadrer les périples vers la folie,
Recueillant les esprits éreintés, les corps meurtris.
Les yeux sont aveuglés par l’appel de la mer,
Qu’ils en oublient le chemin vers leur propre terre,
Les plus chanceux pourront suivre ma lumière,
Toutefois gare à ceux qui sont trop téméraires.
Je me veux avant tout protecteur des falaises,
Et souhaite préserver toutes les teintes de la palette,
Que perdurent les marins, leurs innombrables quêtes,
Pour faire vivre à jamais cette estampe portugaise.
L.P