Tout est plat. Une couche de ligne apaisante au premier abord mais les teintes couplées à quelques détails dévoilent une vérité toute autre. Un laurier rose en pleine floraison tente non sans peine de masquer cette triste scène. Les morceaux de pétales étalés sur un court de tennis bleu azur laissent à penser que la rosée vient d’accomplir son travail journalier. Les lignes de jeu d’un blanc immaculé nous amènent vers la mer, vers l’horizon. Un fin trait de verdure posé sur le sable démarque l’eau de la terre.
Cependant, son absence de relief ne nous laisse pas dupe. Une folle nuit s’est achevée sur ce paysage idyllique. De nombreuses lignes blanches ont précédé celle du terrain et le rouge floral nous rappelle désormais l’hémoglobine plus que le début du printemps. La Cadillac scintille au beau milieu de ce désastre matinal et les palmiers s’abaissent de honte ou d’effroi. La berline décapotable est entièrement vide, délaissée par ses occupants. Ils n’ont pas abandonné la vue pour des ébats plus cloîtrés. De sombres histoires de jalousie et de substances illicites ont entraîné un corps depuis les dancefloors de Beverly Hills jusqu’à un coffre de voiture. Une dernière virée avant une lente descente vers les tréfonds du Pacifique.
L.P