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L’homo touristicus est coutumier du fait

Après une année de dur labeur dans son entreprise basique, il s’octroie 3 semaines de vacances estivales bien méritées. Deux en juillet pour bricoler et visiter une capitale européenne, une semaine de glandouille en famille au mois d’août. Cet été on va à Barcelone, c’est pas loin et y’a la mer. Le dépaysement est frappant. Des jeunes français avinés ou plutôt « asangriaés » sur une belle plage comme à Palavas mais qui bouffent des paellas décongelées sur las ramblas entre deux cuites.

Au final, on s’engueule sur les dates, le lieu, le programme puis une fois sur place on est fatigué. Cette pute de météo fait n’importe quoi et on se plaint. On prend des photos de piètre qualité, on dilapide ses thunes dans des restos chers mais bas de gamme. La mondialisation est un attrape touriste à grande échelle. Un godemiché omniscient qui sodomise un public pas encore rassasié.

« Il paraît qu’au H & M de Singapour c’est pas la même collection qu’à Paris »

« Ouais mais au Primark de Glasgow je paye 4€ un jean série limitée avec une inscription cousue main sur l’étiquette. « SOS », ça tue ! »

Les seules traces de culture seront uniquement dans l’adaptation des menus Mcdo.

« Putain, ils proposent du riz à la place des frites à Pekin. Dingue ! Passe moi l’appareil »

J’ai l’intime conviction que le monde sera sauvé par le goût. Il faudra du temps mais un jour on se rendra compte qu’un t-shirt à 2 € c’est louche. Que même après 3 lavages c’est censé arriver en haut de la zone pubienne et les manches au milieu du bras et non l’inverse. Qu’un jean qui laisse des traces bleus sur tes cuisses c’est pas bon signe. Qu’une poule qui sait marcher et qui aperçoit le soleil c’est pas juste humain, c’est logique et meilleur. Ce jour où la qualité primera sur la quantité, où le goût aura raison de la radinerie, où le bon sens vaincra la passivité et le conformisme alors on pourra s’abandonner à une forme d’inconscience et de superficialité en toute tranquillité.

Du vin, de la bonne bouffe, une chambre et deux êtres sexuellement actifs, en v’la des congés mémorables.

Pour moi les vacances c’est être à l’arrière d’une voiture, sur l’autoroute, de nuit. Le père est au volant, silencieux, et les Pink Floyd jouent en fond. Soudain les lumières rouges des feux stop s’étirent, les lignes blanches deviennent floues, le vent et la route chahutent quelque peu la carlingue et ça me berce. Les quelques lampadaires intempestifs ne réussiront pas a me perturber.

Les enseignes éclairées qui jonchent la voie font partie du folklore. C’est fou comme la nuit embellie des zones et des villages habituellement repoussants. A ce moment la, je m’en contre fout de l’heure d’arrivée, je me sens paradoxalement en sécurité.

Train, avion, décalage horaire, la fatigue a du mal a se frayer un chemin à travers le stress mais surtout l’excitation, non pas de l’inconnu mais du différent.
Le problème est que le différent tend a se raréfier. On nous sert du prémaché, de l’aseptisé et les gens sont ravis. Ils en redemandent.

« Maintenant tous les centre-villes de France c’est les mêmes
Les mêmes putains d’Fnac, Mc Do, Foot Locker, Célio, Zara, H&M »

Orelsan – Changement

Pour moi les vacances se sont des rencontres, des lieux dépaysants, bref tout ce qui permet de s’évader de sa monotonie quotidienne.
Pour d’autres, c’est de manger un churro imbibé d’huile en marchant sur le goudron chaud et puant qui mène à une plage artificielle, peuplée de gros beaufs.
Après tout si ils sont heureux qu’importe.

LP.

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